Juliette COLAS

Notes sur les recherches


Il y a quelques années, un prof retraité Liégeois, mais originaire de St Mard, m’avait demandé de lui traduire le récit d’un aviateur descendu plus loin que Houffalize.
Pris de suite en charge par une filière, il s’était retrouvé en moins de 15 jours de nouveau à son escadrille.
En fait, il avait profité d’un courrier (Groupe Zero) qui était envoyé de Belgique et destiné au gouvernement Belge à Londres.

Il avait donc été pris en charge (par Daisy Barnich, d’Arlon d’où l’intérêt pour moi: son père, Fritz Barnich, pharmacien à Arlon, était décédé à Neuengamme où il avait été déporté par la Gestapo; volontaire de guerre en 1914, il avait épousé une anglaise, Hannah Dodd, durant le premier conflit mondial) à Libramont et convoyé vers Florenville via Neufchateau. Là, il avait été caché dans une clinique, et c’est là la première mention de l’infirmière “Juliette” (Tout Roméo se rêve d’une Juliette!). Il avait été exfiltré par une Mme Zimmer, en passant la frontière près de Muno. Ensuite, envoi vers Reims où il avait saisi l’opportunité d’un Pick-up par Lysander le soir même de son arrivée! Les Anglais, en effet, ne voulaient plus atterrir en Belgique, vu leur expérience à Perchepet. (pays trop densément peuplé, même l'Ardenne!)

Autre épisode où j'avais du me tremper dans les recherches sur les aviateurs alliés descendus en territoire occupé: en 2014, la commune m'a envoyé une Mme Darlène Gordon, canadienne en visite en Belgique. Elle tentait de retrouver les familles des résistants qui avaient aidé son père, William Dennstedt, navigateur à bord d'un autre Halifax qui avait été descendu près de la frontière belge en Allemagne. Venant de Liège -au train, il fallait oser! - d'où il avait été envoyé par une filière de la résistance, il était descendu à Jemelle, et à pied, rejoignait Rochefort où il devait être pris en charge. En chemin, il fut dépassé par un cycliste qui à sa vue, commença à siffler une marche anglaise, et, s'arrêtant, lui dit qu'il était son contact dans la région. C'était Edgard Nassogne, un monteur-électricien. Il l'abrita d'abord chez lui à Buissonville, mais comme il y avait beaucoup d'activités des maquis dans la région, ce qui amenait beaucoup d'allemands et de collaborateurs, il préféra le confier à un habitant de Aye, mr Charles Lismonde. Celui-ci le cacha jusqu'à la Libération de septembre 1944! En effet, fin 1943-début 1944, les allemands avaient décimés beaucoup de réseaux de résistance en les infiltrant. Les filières d'évasion vers la France et l'Espagne étaient pour la plupart brisées, et n'inspiraient en tous cas pas confiance. Mais avant de voir ses libérateurs, Dennstedt avait participé à des escarmouches des maquisards contre des patrouilles allemandes. Plusieurs de ses compagnons y avaient été soit tués, soit faits prisonniers. Edgard Nassogne, dénoncé, avait été emmené par la Gestapo à leur siège de Marche (au chateau Bourguignon, rue Victor Libert). C'est là que, avant leur départ, ils exécutèrent plusieurs de leurs prisonniers .. Mme Gordon me demandait de retrouver ces personnes et/ou leur descendants, car promesse faite à son père, elle voulait leur remettre un exemplaire du livre qu'elle avait écrit avec sa soeur Marilyn. Je l'ai conduite, elle et son mari, à la chapelle du Maquis de Fenffe/Herock, où les noms des camarades de son père (dont celui de E.Nassogne) sont gravés dans la pierre de l'autel.


Ensuite, bien plus tard, j’avais fait lire mon article sur Marie-Louise Henin à Vital; là, quant il avait vu que le nom de sa boite-postale à Bruxelles était “Colas06”, il m’avait dit connaitre une Mme Colas, “grande résistante”. Il l'avait rencontrée un jour qu’il exposait (il était peintre, et avait même été "médaillé de Rome") au Palais Abbatial à St Hubert, un couple s’était approché, et en lisant sa nominette, la dame avait dit qu’elle avait connu un Besonhé pendant la guerre. Quand elle a précisé que c’était à Florenville, il lui avait dit que ca devait être son père.
Ce jour là, on l’avait envoyée avec un aviateur vers Florenville, où elle devait remettre son ‘Colis’ chez “Fifine” . C’était le surnom de sa mère, qui tenait estaminet. Près du cimetière, ils avaient demandé leur chemin à un passant qui leur avait indiqué la maison. Quand ils s’étaient approchés de la dite maison, à leur grande stupéfaction, ils en avaient vu sortir deux allemands en armes! En fait, le père Besonhé était douanier, et on avait logé deux gardes-frontières allemands chez lui...
Souvent, quand il y avait de la “visite”, il disait aux gabelous teutons que c’était un fraudeur français, qui venait chercher du tabac, et qui apportait de la gnôle. Pas de meilleur moyen pour acheter un allemand fatigué que de lui proposer un schnaps! Bon, je suppose que le Vital nous romançait un peu les aventures de papa..; quoiqu’il en soit, ce dernier et son épouse ont tous deux été reconnus résistants après la guerre, avec les médailles ad-hoc!

Enfin, fin de l’année dernière, une bruxelloise m’avait elle aussi demandé des infos sur cette infirmière, disant qu’elle l’avait un jour rencontrée, plus bardée de médailles qu’un général Nord-Coréen! C’était une réunion d’anciens des filières de renseignements lors de la Fête Nationale.

Et puis, il y a un mois, une membre de notre association m’a demandé d’identifier une décoration ayant appartenu à la dite Mme Colas. En fait, c’était une agrafe professionnelle, mais avec une Croix de Lorraine! Elle espérait peut être que ce “bijou” avait été remis par le Grand Charles à sa parente... Elle me révéla également qu’elle faisait des recherches pour un correspondant canadien; tout d’abord, j’avais compris ou plutôt retenu le nom de “Lucienne LUCAS”, ce qui ne me disait rien. Ensuite, un message arrive du Canada informant un ami dont le père avait été également résistant que quelque chose se tramait à propos non seulement de Mme Colas, mais aussi d’aviateurs anglais dont l’avion avait été descendu près d’Awenne. On demandait aussi, si l'on était intéressé à la ré-édition d'un livre maintenant épuisé, si l'on était d'accord de souscrire pour un ou des exemplaires de ce live republié. Il y a eu un malentendu, et , notre collaboration ayant été rejettée, car mal interprétée, nous avons laissé tomber...

Pour terminer, (chez Mme DOM) je crois me souvenir avoir trouvé la mention d’un sergent anglais amené par les Felgendarmes à la clinique de Longlier après le crash de son avion. Quand ledit gendarme avait toqué à la porte, le médecin, le docteur Laroche, et son infirmière Mme Colas, croyaient être recherchés, alors qu’en fait, on leur demandait de soigner l’aviateur sérieusement blessé!

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© Wallonia le 10 Mars 2018; Dernière Modification 27-Fév-2019

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