Hubert HENIN,
Résistant 40/45

Avertissement:
ce site a été établi pour commémorer la mémoire de mon parrain, Hubert HENIN.
Il est rédigé en se basant d'abord sur les écrits de Hubert, conservés par ses enfants, puis sur les récits de ses frères et soeurs:
c'est donc en premier pour ses enfants et petits-enfants, pour ses neveux et nièces que tous ces textes sont réunis ici pour leur donner un aspect cohérent

 

Le 4 Juillet 1966, au cimetière de Marloie, une foule nombreuse accompagnait Hubert HENIN à sa dernière demeure..

Lorsque le cercueil fut déposé sur les bords du caveau, un monsieur de haute taille et à la large carrure s'avanca, et, sortant deux feuillets de son veston,
prononça l'hommage funèbre (ci-dessous) de ce personnage qui fut un grand résistant:

Hommage rendu au Commandant des Partisans
HUBERT HENIN
Lors de ses funérailles à Marloie le 04 juillet 1966.

Par J.C. LOMME, avocat, Han-sur-Lesse


Mesdames, Messieurs,


On dit que les grandes douleurs sont muettes !

Pas toujours cependant, car les camarades qui ont eu l’insigne honneur de servir sous les ordres du Commandant des Partisans Hubert Henin, n’ont pas voulu se séparer de lui, sans que lui soit rendu l’hommage solennel qu’il a mérité.

Dès le début de la dernière guerre, Hubert Henin, faisant prévaloir son amour farouche de la Patrie sur ses responsabilités d’époux et de père de ses nombreuses petites filles, organise le Maquis de la région lequel, flamands et wallons fraternellement unis, affronte l’ennemi avec un dédain suprême du danger, attaquant ses dispositifs militaires et affaiblissant son moral.

Dix-huit morts fut le lourd tribut payé par les camarades Partisans, sans compter ceux qui, comme Hubert Henin, continuent à souffrir des séquelles de la guerre.

On reste confondu devant l’audace de ce brave homme et de cet homme brave, qui, sans préparation, et avec des moyens rudimentaires, a relevé le défi de l’occupant détesté.

Il sacrifie délibérément son bonheur familial, et les profits qu’il aurait pu légitimement tirer de son activité commerciale, pour se consacrer corps et âme à sa mission de Résistant et à ses camarades de combat.

Il était particulièrement ulcéré de constater que pendant que tant de braves comme lui, luttaient pour la liberté du Pays, d’aucuns préféraient s’enrichir scandaleusement en trafiquant, et même en fournissant directement à l’ennemi, des matières stratégiques et autres.

Récemment encore, il me fit part de sa déception de voir qu’un fournisseur avéré de l’ennemi, avait été décoré, et il manifesta même l’intention de renvoyer ses propres décorations, en guise de protestation de ce qu’il appelait un véritable scandale.

Je le dissuadai, en lui rappelant que ses distinctions, à lui, il les avait méritées, et que s’il voulait protester contre les injustices flagrantes qui se produisent au détriment des Combattants, des Résistants et surtout contre les Veuves, Orphelins et Invalides de guerre, il perdrait rapidement d’indignation le peu de santé qui lui restait.

Celle-ci nous a donné bien des soucis, et sa fin prématurée, due en grande partie à ses blessures de guerre, nous a profondément bouleversé.

Il restera pour nous l’emblème des plus hautes vertus patriotiques, et à son Epouse, à ses Enfants et Petits Enfants, j’adresse les condoléances de tous ceux qui ont connu et fraternellement aimé le Commandant Hubert Henin ; au nom de tous mes camarades, je les assure de notre indéfectible dévouement.

A toi, mon cher Hubert, dont la mémoire restera gravée dans mon cœur et dans celui de tes nombreux amis éplorés, je dis « Adieu ». Repose en paix.

 


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Le journal "L'Avenir du Luxembourg" donna le résumé de la cérémonie

Article extrait du journal « L’Avenir du Luxembourg ».

Les funérailles d’un grand résistant : Hubert HENIN.


Il avait quitté Marloie depuis bien longtemps, mais malgré tout il restait encore son enfant, car il a voulu revenir dormir son dernier sommeil à l’abri de son clocher et parmi les siens.
M. Hubert Henin était né à Marche-en-Famenne le 31 juillet 1906, mais était venu habiter Marloie depuis sa plus tendre enfance ; il était l’aîné d’une famille qui comptait 11 enfants.

En 1927, il épousa Melle Marie Quinet ; de cette union naquirent 6 filles et sa plus grande joie était de se retrouver parmi ses 11 petits-enfants. C’était un homme bon et juste, mais par-dessus tout un chrétien fervent.

Au cours de la guerre 1940-1945, il fut l’un des premiers promoteurs de la résistance dont il était commandant de bataillon.

Il était porteur de plusieurs distinctions honorifiques telles : Chevalier de la Couronne avec palme ; Croix de guerre avec palme (3 chevrons blessures) ; Médaille Commémorative 40-45, sabres entrecroisés ; Médaille résistance armée, civile, service renseignements et actions (belges) ; Croix de guerre 40-45 une étoile ; Croix de la libération 39-45 ; Médaille du filiériste-passeurs d’hommes (française) ; On his Britannic Majesty Service (anglaise).

Une foule nombreuse avait tenu à accompagner ce vaillant résistant à sa dernière demeure et parmi ceux-ci se trouvait un grand nombre de ses camarades qui avaient tenu à venir lui rendre un dernier hommage.

Au cimetière, après les prières liturgiques récitées par M. le Curé, M. Lomme, avocat à la Cour d’Appel et lieutenant sous les ordres d’Hubert Henin pendant l’occupation, fait, au nom des résistants, l’éloge du défunt. Il rappelle sa vie de commandant, son amour de la patrie, car Hubert savait commander ses hommes, mais il était toujours le premier en tête là où il y avait du danger. On reste confondu devant l’audace de ce brave homme, mais nombreux sont ceux qui, comme lui, ont payé par la souffrance un lourd tribut à la patrie

Après avoir présenté les condoléances des résistants à la famille, M. Lomme dit l’adieu ému de ses camarades au disparu.

A son épouse, à ses enfants et petits-enfants, à ses frères et sœurs, l’Avenir du Luxembourg présente ses sincères et chrétiennes condoléances.


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Mais qui était "ce brave homme" que l'on mettait en terre ce jour-là?

Né à Marche en Famenne le 30 juillet 1906 en début d'après-midi, à l'étage de la charcuterie familiale sise rue Saint Laurent,
l'événement fut enregistré à l'Etat-Civil par Léandre Seeliger, le bourgmestre d'alors.

La déclaration avait été faite par le jeune papa, Lambert Henin, âgé de 23 ans et natif de Heure en Famenne, qui attestait
que son épouse "Elia" Léopoldine Maubeuge, 20 ans, s'était accouchée à "deux heures de demie de relevée".

Hubert est né Rue St Laurent, dans ce qui fut plus tard le commerce Bresmal, et est maintenant la boucherie SERON

Hubert était le premier enfant du couple qui s'était marié à Roy au cours de l'année précedente. Il fut l'aîné de 11 enfants, dont neuf survécurent;
A l'époque de leur mariage, Lambert était encore charcutier, tandis que Elia était en service chez le notaire JADOT.

Après la naissance du second enfant en 1909 (Marguerite, qui sera l'épouse de Pol DACHELET), le ménage va s'installer
à la "Rue Etroite", qui faisait partie d'un ilôt de maisons (dont rien ne subsiste aujourd'hui) face à l'église. Ils tiennent une boucherie.
Y naîtront deux petites filles, Gabrielle et Maria Gabrielle, dont aucune n'atteindra l'âge de deux ans.
Fin 1911, nouveau déménagement, vers la rue de l'Eglise, au tournant de la rue, pour ainsi dire...
C'est là que naîtra Anne Joseph, le 4 Novembre 1912. Retournement de situation ensuite, car l'enfant suivant, Lucienne,
naîtra en septembre 1914 à l'ancienne adresse, rue Etroite! Adultes, Anne-Joseph restera célibataire, et Lucienne sera carmélite
sous le nom de religion de "Soeur Marie-Elie de l'Eucharistie".
Le 23 juin 1916 nait Elisabeth, rue de l'Eglise, de nouveau... Elle épousera Léon Barnich de Rochefort, après la Guerre 40/45.
L'enfant suivant, Louise, naîtra aussi rue de l'Eglise, le 27 Mars 1918. Son mari sera Joseph SONVEAU, originaire de Stavelot.

de gauche à droite: Lucienne, Anne-Joseph, Louise (bébé), Marguerite, Elisabeth (sur les genoux de Hubert )
Les visages sourient peu: la guerre n'est pas encore finie!

Ce sera la dernière naissance à Marche, car, devant la forte demande d'après-guerre pour reconstituer le cheptel perdu durant les hostilités,
Lambert va commencer un commerce de chevaux. Mais comme la demande vient surtout de France, il aura besoin d'un moyen de transport
facile d'accès, et le ménage (et ses 6 enfants), après avoir été exproprié à Marche, va aller finalement s'installer dans une petite ferme à Marloie,
rue de la Fontaine, non loin des quais de chargement des gares du Chemin de fer, mais aussi du vicinal, qui desservait les villages jusque Bastogne!

Installation à Marloie

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Remarques/Remarks : Charbin




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