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Avant de comparaître devant ses juges, Marie-Louise HENIN, à ce moment détenue dans la Prison pour femmes de Essen, a signé en date du 22 février 1943 , pour prise de connaissance, le réquisitoire qui avait été rédigé par le Conseiller d'Etat Paul von Barnickel, pour comparution devant le "1. Senat Volksgerichtshof" devant le "Tribunal du Peuple", la justice politique nazie.... Il lui était également notifié que Me CLEMENTS, avocat à Cologne, avait été désigné comme défenseur.
Que lui était-il donc reproché?
En fait, si on lit l'Anklageschrift (réquisitoire/acte d'accusation) dans le texte, on s'aperçoit de l'étonnement que marque le conseiller devant le comportement de l'accusée; (voir la traduction de Mr Günther GIET en annexe)
il ne comprend pas en effet que, suite au mariage de sa soeur aînée avec un soldat allemand en 1917, elle-même mariée en 1920 avec un dentiste allemand, et ayant de surcroît fait en 1937 un séjour à Munich pour étudier le fonctionnement du Parti National-Socialiste dans les locaux de la Maison Brune de cette ville, elle se soit ensuite lancée dans tant d'actions néfastes envers son pays adoptif! (lors de la perquisition menée au domicile de Marie-Louise, suite à son arrestation, la police a en effet trouvé un cahier, rédigé et annoté de sa main, où elle relate son séjour munichois et les leçons qu'elle en a tirées...)De plus, après avoir obtenu ses diplômes de dentiste (après des études et un examen passé à l'Université de Bruxelles pour valider devant le Jury Central une partie des études faites à l'étranger de façon à pouvoir pratiquer l'Art Dentaire en Belgique), elle avait été la dentiste attitrée de la communauté allemande de Bruxelles!
Bien sûr, lors de ses interrogatoires, il avait bien compris que l'accusée n'avait jamais été adoptée par l'Allemagne: non seulement, elle expliqua que la vie en Allemagne avec son mari était devenue impossible, mais aussi que sa nouvelle patrie, venant de subir le "Diktaat" de Versailles, rejettait tout membre d'un des états alliés qui l'avaient acculée à l'Armistice d'abord, et enfin, à un Traité de Paix qui non seulement la ruinait, mais aussi l'humiliait profondément (en lui imposant de reconnaître sa culpabilité dans le déclenchement et le prolongement de la Guerre) !
Il faut aussi noter que systématiquement, lors des interrogatoires, Marie-Louise HENIN "transformait" la vérité pour non seulement, égarer les enquêteurs, mais aussi pour provoquer un maximum d'ennuis à son ex-mari (celui-ci avait obtenu un divorce aux torts de son ex-épouse, mais lui avait également fait imposer une amende de 2000 Reich Marks!). Donc, doit-on être étonné qu'elle spécifie que son mari était un juif allemand? (de quoi le faire aimer par le régime d'alors...). Pourtant, sur l'acte de mariage de Götting, il est noté que la religion du mari (tout comme celle de son père) est Catholique.
On note aussi que pour le juge instructeur, suite aux réponses fournies par Marie-Louise HENIN lors des interrogatoires subis dans ses diverses prisons, qu'elle avait déclaré avoir entamé ou poursuivi des études de dentiste à Buenos-Ayres, où, pour subvenir à ses besoins, elle travaillait comme gouvernante (alors qu'elle ne resta en Argentine qu'un an, et qu'on ne trouve aucune trace de son inscription à l'Université de Rio Monte).
Suivant l'interrogateur, le mariage célébré en 1920 avait déjà été rompu en 1922... alors que l'Etat-Civil dit que le divorce fut prononcé en mars 1930; c'est vrai que la séparation de faits a eu lieu vers 1923-24
Elle déclara aussi que c'est d'Allemagne qu'elle partit pour l'Argentine, "car elle avait rompu avec ses parents, qui lui reprochaient d'avoir épousé un allemand". Or, les Registres de Population de St Gilles disent qu'elle a vécu avec sa mère à St-Gilles, au 212 de la rue de Mérode. Son père était resté en France, d'où il poursuivait ses affaires... Il n'a donc jamais, a aucun moment, été domicilié en Belgique après la fin de la Grande Guerre (voir en bas ). Le départ de Marie-Louise pour Buenos Ayres est bien enregistré de St-Gilles le 4 juin 1924!
A son retour d'Argentine (le 25 Avril 1925, elle va s'installer à Forest, au 118 de la rue Reine Marie Henriette... ). Elle dit que c'est au Consulat Belge qu'elle demanda de récupérer sa nationalité belge, alors que sa demande fut signée en 1929 à Ixelles... (de plus, la Loi qui prévoyait la récupération de la Nationalité n'est passée qu'en 1926...). Elle déclare là être traductrice!
A coté de cela, on lui reprochait bien sûr l'espionnage au profit de l'Intelligence Service Britannique, la rédaction et la distribution de "La Libre Belgique", journal prohibé par l'occupant, l'aide à la fuite d'aviateurs alliés descendus en territoires occupés, participation à des actions malveillantes envers les Forces Occupantes, etc... (après avoir frappé des partisans de Degrelle dans un meeting à Jemelle, Hubert HENIN avait du fuir et aller se cacher à Bruxelles. Là, il devait rencontrer un "comité" de résistants qui allait lui assigner de nouvelles tâches. Quelle ne fut pas sa surprise, dans le trio qui le reçut et dont il n'était pas sensé connaître l'identité, de "tomber" sur sa cousine, ostracisée dans sa famille pour certaines tendances allemandes!).
Ci-dessous, dans la traduction du réquisitoire, on voit le cas d'espionnage qui lui est reproché
Ces textes ci-dessus sont des copies de la traduction (faite par Mr Gunther GIET) du réquisitoire en langue allemande
Pour l'aide aux évadés et le rapatriement d'aviateurs alliés tombés en territoire ennemi, un épisode, cité par G. Lielens, est assez révélateur de son esprit anti-allemand: voici l'extrait ci-dessous
A Bruxelles, elle avait mis sa maison à la disposition de la Résistance et de ses réseaux. Non seulement, elle servait de "boite aux lettres" pour des renseignements d'espionnage, mais aussi, elle y stockait des exemplaires de la Presse Clandestine restant à distribuer, ou des épreuves à corriger. Pour couronner le tout, elle y abrita des soldats alliés attendant d'être évacués par les filières d'évasion
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Remarques: Webmaster
rédigé le 2/9/13 (Dernière MàJ; le 17/07/14 )
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