ECCE HOMO
"Le COUPABLE"


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Le pilote qui décida d'attaquer était le Major Richard Thurston DEABLER.

Le Major Richard T. DEABLER,
le jour de sa nomination à la fonction de CO du 53 FS

Il était né à Schoharie dans l'état de New-York le 5 mars 1920. Il venait de fêter ses 24 ans. Il avait pris le commandement du 53 Fighter Squadron le 10 mai, donc, juste 11 jours auparavant.

Faisant partie du 303rd Fighter Wing, le 36 FG était le dernier groupe de chasse (sur 18!) de la 9th Air Force à être arrivé en Europe. Il venait d'Ainsworth, dans le Nebraska, où les pilotes avaient été "convertis" et formés sur Thunderbolt P47 sur l'aérodrome Scribner.
Le personnel du 36 FG, en tout 1500 personnes, était arrivé à RAF Kingsnorth au début mars, après une traversée de l'Atlantique en convois de transport de troupes.

Deux Republic P-47D et -E Thunderbolt du 36 Fighter Group à Kingsnorth avant Août 1944.

Le 21 mai commençait l'opération "Chattanooga Choo " qui consistait à attaquer tout le système ferroviaire utilisé par l'occupant. Plus de 600 avions alliés, la plupart, des chasseurs-bombardiers, furent envoyés sur le Continent ce jour-là pour provoquer le maximum de dégâts aux gares, gares de triage et matériel roulant.
Ce dimanche, à 10H10, le 53 Squadron s'envola de RAF Branzett, un autre aérodrome de la 9th Air Force, pour une mission qui devait durer 3 heures...
En effet, en vue du débarquement sur les côtes françaises, l'USAAF (United States Army Air Forces) avait créé la 9th Air Force, une aviation tactique destinée à accompagner les forces terrestres de l'autre côté de la Manche (au même titre que les Britanniques, qui eux, avaient créé la 2d ATAF).
Elle avait donc installé ses unités sur des aérodromes temporaires proches des côtes françaises, au sud de Londres, pour la plupart!

Il volèrent d'abord vers Douvres, pour regrouper leurs formations et atteindre leur altitude de croisière de 4000 pieds, puis passèrent la côte française à Hardelot (commune au sud de Boulogne) vers 10H50, pour éviter les sites connus de Flak (Défenses Contre Avions).
Ensuite, cap sur Saint Quentin, Aubenton, Sedan et Metz. Là, ils attaquèrent à la bombe les gares de triage et de formation de la région Metz-Thionville.

Après larguage des bombes, chacun reprenait ensuite le cap Nord-Ouest, pour rejoindre les bases anglaises; il semble que le regroupement prit du temps, car comme c'était une de leurs premières missions sur le continent, les consignes étaient d'éviter de voler seul, proie inexpérimentée offerte à la chasse allemande... (Ce qui expliquerait peut-être le ralliement des deux P38 vus par plusieurs témoins).
Point important: pour le retour, ils volèrent plus au nord que prévu sur leur plan d'opération... ce qui les mit sur le chemin de Marloie!

Arrivés au-dessus de la gare de Marloie, venant des Montenées, forte colline située au Sud de la gare, ils aperçurent le train attendant d'être accepté à Marche (on note que personne n'a jamais mentionné le train d'essence, sans doute camouflé sur les voies bordant la campagne du Gerny).

Le Maj Deabler décidant d'attaquer, il se détacha de la formation, suivi de son équipier.
Surpris par la puissance de l'explosion (décrite par l'ailier à son retour comme ayant une hauteur de 3000 pieds et couvrant une surface d'un diamètre de 1 mile!), les deux avions passèrent dans le nuage de flammes et de fragments de wagons à une altitude de 800 pieds.
Percuté par des débris, l'avion du Major DEABLER en sortit en flammes. Son ailier le lui signala par radio, et le prévint qu'il lui fallait envisager de quitter son avion en perdition.

Pendant ce temps, plusieurs des avions de la formation (qui tournaient à basse altitude) eurent leur moteur étouffé par le manque d'oxygène, pompé par l'appel d'air de l'explosion. Tous parvinrent à relancer leur propulseur, sauf le Maj DEABLER qui éprouvait des difficultés, non seulement avec son moteur, mais aussi pour maintenir sa machine en l'air! Son ailier lui conseilla plusieurs fois par la radio de quitter l'avion en perdition, en l'accompagnant sur la route du retour.

Finalement, au moment où il allait ouvrir son canopy pour sauter en parachute, l'avion décrocha et tomba en vrille. Le pilote n'avait pas eu le temps de sauter, et le 1Lt CROW, l'ailier, dit que malgré avoir tourné 4 ou 5 fois autour des flammes de l'avion crashé, il ne vit plus son leader...

Sur le rapport du crash (MACR - Missing Aircrew Record), le lieutenant CROW indique, par une croix, "l'endroit où l'avion du Maj DEABLER s'est écrasé" ("X indicates spot where RT DEABLER's plane crashed").
Sur ce schéma, un calque d'une carte de la RAF, il indique un endroit entre Florenville et Arlon, plus ou moins à l'emplacement de la commune de Meix-devant-Virton! Cela parle beaucoup de la précision de la navigation des aviateurs américains! Il ne s'était même pas aperçu, dans le stress créé par la situation d'urgence, qu'ils avaient traversé la Meuse! Il était à près de 120 Km du point de crash désigné, et à environ 70 Km de Marloie.
Il avait donc pu encore voler près d'une demi-heure! Le Major DEABLER était la première victime fatale des activités militaires du 53 FS en Europe!

Pour ne rien arranger, la narration "officielle" de la campagne européenne du 36 FG "Prepared to Prevail" dit que l'explosion arriva au-dessus de Metz, avant que tous les avions n'aient pu jeter toutes leurs bombes... Mémoires défaillantes, navigation "au pif"?

Le rapport allemand (exploité après la reddition de mai 45) précise que les restes du Maj DEABLER ont été ensevelis dans le "cimetière ennemi du Culot" (près de Beauvechain). Le corps a été identifié grâce à ses plaques d'identité. Les services américains l'ont exhumé après la libération, pour le réensevelir ensuite dans le cimetière militaire américain de Margraten , aux Pays-Bas (quand vous allez vers Maestricht, venant de Liège, vous prenez la sortie "Cadier en Keer")

La tombe a ensuite été parrainée par Nico LEERS, un néerlandais passionné par les choses de l'Aviation. Son site est visible sur Coordonnées. Ayant voulu savoir comment, pourquoi et où son "filleul" avait péri, il a gratté toutes les archives disponibles et est remonté "physiquement" jusqu'aux Etats-Unis, puisqu'il a même visité la famille qui réside aujourd'hui en Caroline du Sud!

En Belgique, de tels parrainages sont organisés par l'Association "Le Briscard". Coordonnées

 


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Remarques/Remarks : Charbin


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